L’ARS Hauts-de-France travaille depuis plusieurs mois au déploiement d’actions adaptées pour faire face à la dégradation de la situation hospitalière, liée notamment à d’importantes tensions sur les ressources humaines médicales et paramédicales. Celles-ci sont désormais complétées par « la boite à outils » nationale proposée par le rapport du Dr Braun, en cours de déploiement dans les territoires. Cette mobilisation de l’Agence régionale de santé s’inscrit, plus largement, dans une démarche régionale de refondation des urgences engagée depuis plus de 2 ans et demi en Hauts-de-France avec l’ensemble des acteurs des soins non programmés.
De nombreuses mesures sont ainsi mises en œuvre en Hauts-de-France, à l’initiative ou sous la coordination de l’ARS, afin de soutenir le système de soins et d’apporter aux habitants de la région une prise en charge graduée selon leurs besoins de santé, avec une vigilance spécifique pour les personnes âgées.
Pour anticiper les tensions et réagir vite en cas de besoin
- Un mode de gestion issu de la crise Covid, des actions territorialisées : sept territoires d’animation en santé, mis en place pendant la gestion de crise Covid et correspondant aux périmètres des Groupements hospitaliers de territoire (GHT) et aux filières territoriales de soins, servent ici d’échelle d’animation et de coordination. Dans chacun de ces territoires, un professionnel de santé spécialiste des soins urgents - nommé par ses pairs - est notamment chargé de l’organisation du dialogue entre les acteurs de santé locaux, de l’identification des points de tension éventuels au sein de la filière urgences (par exemple l’indisponibilité d’un SMUR) et accompagne les établissements dans la recherche de solutions. Cette mission d’expertise des animateurs territoriaux est menée avec l’appui régional du Dr Patrick Goldstein, chef du pôle urgences du CHU de Lille et conseiller médical du directeur général en charge de la filière des soins urgents à l’ARS Hauts-de-France.
- Un suivi en continu des capacités de prise en charge est assuré par l’ARS auprès de chaque établissement de santé, pour pouvoir identifier les éventuelles tensions naissantes dans chaque filière de soins et activer rapidement, le cas échéant, des solutions de mutualisation et d’entraide territoriales. Ces données retraitées et agrégées par territoire d’animation en santé sont ensuite restituées, notamment aux 7 établissements animateurs dont le rôle est de coordonner la disponibilité et la mobilisation des lits en vue d’assurer les prises en charge des patients.
- Un dispositif de coordination régionale piloté par l’ARS et qui mobilise pour chacun des 7 territoires, les établissements animateurs, les urgentistes, les coordonnateurs de filières gériatriques, les membres de l’URPS médecins libéraux. Ce dispositif vise à restituer l’état des lieux des tensions recensées, et partager, territoire par territoire, les difficultés rencontrées et les solutions mise en œuvre en associant l’ensemble des forces mobilisable.
Pour réduire la pression sur les services d’accueil des urgences (SAU)
- « Allons aux urgences pour les vraies urgences » : une campagne de communication déployée par l’ARS sur l’ensemble de la région. Selon la DREES, 20 à 30 % de l’activité d’un service d’urgence est liée à une pathologie non urgente qui requiert une consultation de médecine générale ou l’accès à un plateau technique léger. A cet égard, afin de ne pas saturer les services d’urgences pour des situations de santé qui ne le nécessitent pas, l’ARS Hauts-de-France appelle la population, au travers notamment d’une campagne régionale de communication radio et digitale, à préserver les urgences pour les cas les plus graves :
- en journée, les patients sont invités à le contacter en priorité leur médecin traitant, leur maison de santé ou leur pharmacien (sauf en cas d’urgence vitale)
- le soir et le week-end, les patients sont invités à contacter le médecin de garde : via le 15 dans l’Aisne, l’Oise et la Somme ; le 03.21.71.33.33 dans le Pas-de-Calais et le 03.20.33.20.33 dans le Nord
- pour toutes les situations urgentes, l’ARS Hauts-de-France rappelle la nécessité d’appeler le 15 avant de se déplacer directement dans les services d’urgence. Le 15 orientera vers la meilleure prise en charge en fonction de la gravité de la situation, et déclenchera une intervention directement s’il s’agit d’une urgence vitale en envoyant sur place une équipe médicalisée (SMUR).
- Des Services d’accès aux soins (SAS) en cas d’indisponibilité du médecin traitant : l’ARS Hauts-de-France poursuit le déploiement du service d’accès aux soins (SAS) qui vise à répondre aux besoins de soins non programmés de tout patient, lorsque son médecin traitant n’est pas disponible. Ces services d’accès aux soins sont déjà opérationnels dans le Nord et la Somme. Ils seront généralisés à l’ensemble de la région au courant du second semestre 2022. D’ores et déjà, préconfigurant les futurs SAS du Pas-de-Calais et de l’Oise, ces deux départements bénéficient depuis la crise COVID d’une régulation libérale en journée, via un soutien financier de l’Agence.
- Majoration des consultations pour les médecins généralistes : la mobilisation des professionnels libéraux – notamment des MSP, CPTS et MMG – permettent d’augmenter les plages de soins non programmés et de soulager les services d’urgences. De manière générale, les médecins généralistes sont incités à prendre des patients qui leur sont adressés par le centre 15 avec une majoration de 15 euros par consultation.
- Elargissement des horaires des Maisons médicales de garde (MMG) : 27 MMG permettent en HDF la prise en charge de soins non programmés ne relevant pas de la médecine d’urgence, après régulation par le centre 15. Elles sont financées à hauteur de 1,7 millions d’euros par l’ARS. Ces maisons médicales de garde peuvent élargir leurs horaires d’activité au samedi matin. Les praticiens y exerçant bénéficieront à ce titre de la majoration de 15 euros par consultation.
- Ouvertures de Centres de soins non programmés : l’ARS accompagne les initiatives des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) permettant de renforcer l’offre en soins non programmés sur ces créneaux. A titre d’illustration, l’ARS lance dès cet été une expérimentation visant à développer des Centres de soins non programmés sur le territoire. Ouvertes en journée, ces structures apportent à la population une offre fixe et structurée de prise en charge en soins non programmée, en cas d’absence de médecin traitant ou d’indisponibilité de ce dernier.
Pour augmenter le nombre de professionnels mobilisés cet été
- Accélération du calendrier de diplomation des étudiants infirmiers et aides-soignants, pour une prise de fonction en juillet 2022 (441 demandes d’autorisations provisoires d’exercice d’infirmiers ont été transmises aux DREETS et 2.094 dossiers infirmiers seront prochainement présentés aux jury)
- Doublement de la majoration de nuit pour les personnels soignants
- Gratification estivale du personnel non médical exerçant majoritairement de nuit
- Doublement de la majoration des heures supplémentaires comme ce fut le cas au plus fort de la crise covid-19
- Facilitation de l’exercice des médecins libéraux retraités
- Autorisation des internes de fin de cursus (docteurs juniors) qui ont une licence de remplacement à travailler
- Revalorisation de 50 % des gardes de médecins pour une durée de 3 mois, etc.
- Mise en relation des praticiens volontaires et d’établissements proposant des gardes : un dispositif digital déployé par l’ARS depuis janvier et renforcé cet été, qui permet aux hôpitaux de poser leurs gardes vacantes, aux praticiens volontaires d’être alertés et de candidater sur cette plateforme. Initialement réservé aux médecins urgences, cette plateforme est désormais ouverte aux spécialités de médecine générale. Grace à cet outil, près de 20% des offres déposés par les établissements trouvent preneurs.
- Facilitation et sécurisation des vacations temporaires de praticiens dans les hôpitaux, avec la signature par tous les établissements publics d’un contrat d’engagement définissant les modalités d’appui des professionnels au bénéfice d’établissements en difficulté. C’est sur cette base qu’un nouveau dispositif financier attractif a pu se déployer en région, favorisant les vacations temporaires et apportant de la souplesse et de l’attractivité à cette activité. Ce dispositif est ouvert dès cet été aux praticiens à temps partiel, augmentant ainsi considérablement le vivier des praticiens disponibles et mobilisables.
Pour maintenir la prise en charge des urgences vitales
- Des SMUR paramédicalisés en soutien des équipes médicalisées : les SMUR apportent une réponse 24h/24 et 7j/7 à l’urgence vitale et/ou grave au plus près du patient, en lien avec les Services départementaux d’incendie et de Secours. En cas de difficulté localisée sur une ligne SMUR traditionnelle et si la situation de santé du patient le permet, des équipes paramédicalisées de soins d’urgence, composées d’un ambulancier et d’un infirmier urgentiste, pourront être mobilisées sous la supervision du SAMU et d’un médecin régulateur, à l’aide d’outils de visio-régulation.
- Adossés à chaque service d’urgences, les 4 hélicoptères de secours sont chacun susceptibles d’intervenir en tout point du territoire régional sur décision du centre 15 et en priorité pour prendre en charge les urgences vitales.
- Les transporteurs sanitaires privés sont pleinement mobilisés dans le cadre de la régulation assurée par le centre 15 avec des véhicules dédiés à l’aide médicale urgente. En effet, la réforme des transports urgents pré-hospitalier est pleinement déployée en région Hauts-de-France. Elle permet ainsi au SAMU de disposer a minima d’une ambulance sur chaque secteur de garde à toute heure du jour comme de la nuit.
- Le centre 15 pourra pendant la période estivale engager un transporteur sanitaire privé pour accéder à un cabinet de médecine général ou une maison médicale de garde si le besoin de soin ne relève pas d’un service d’urgence.
Pour faciliter le parcours de soins des personnes âgées
L’ARS Hauts-de-France est engagée à travers plusieurs dispositifs pour éviter le recours aux urgences lorsque l’état de santé des personnes âgées, notamment des résidents d’Ehpad, ne le nécessite pas. Le passage aux urgences pour des personnes âgées peut en effet avoir des conséquences importantes sur leur état physique et cognitif. Les actions mises en place visent à limiter ces risques lorsque cela est préférable, en plus de permettre un afflux moins important dans les services urgences.
- 23 filières gériatriques mobilisées notamment pour faciliter les sorties d’hospitalisation en s’appuyant sur les dispositifs d’hébergement temporaire en Ehpad, avec une prise en charge financière à 100% par l’ARS, ou pour permettre des admissions directes non programmées dans les services hospitaliers, sans passage préalable par les urgences.
- Des astreintes d’infirmiers de nuit mutualisées entre EHPAD : une astreinte infirmière mutualisée entre plusieurs EHPAD d’un même secteur la nuit permet d’apporter une première réponse en soins directement au sein de l’établissement et d’évaluer si l’orientation vers un service d’urgence est nécessaire. 126 établissements de la région sont actuellement couverts par le dispositif.
- Des équipes mobiles de gériatrie et de soins palliatifs : composées de professionnels de santé spécialistes de la gériatrie et/ou des soins palliatifs, ces équipes sont déployées pour intervenir directement sur le lieu de vie des résidents en cas de besoin.
- La formation des personnels soignants d’EHPAD à la gestion des situations d’urgences non vitales : le dispositif ASSURE créé par l’ARS Hauts-de-France vise à donner aux équipes soignantes des EHPAD les bonnes pratiques pour la gestion des urgences non vitales, à l’image de chutes ou de fièvres. Il propose des séquences de formation et des outils pratiques pour évaluer la pertinence du recours aux services d’urgence.