Pour favoriser l’installation et le maintien des professionnels sur son territoire, la Communauté de communes des Hauts de Flandre (CCHF) a identifié des interlocuteurs-ressources chargés de proposer un accompagnement individualisé aux professionnels de santé. Partage d’expérience de Stéphanie Porreye et de Sophie Jarczynka, respectivement vice-présidente en charge de la santé et directrice de projets à la CCHF.
A l’échelle de la CCHF, vous avez centralisé une mission d’accompagnement à l’installation des professionnels de santé. Comment cette mission a-t-elle émergé et comme cela se concrétise ?
Sophie Jarczynka : On est partis du principe qu’il y avait d’une part des partenaires qui proposaient des aides à l’installation et au maintien des professionnels de santé– l’ARS, la CPAM – d’autre part notre collectivité qui a une connaissance fine du territoire, de ses caractéristiques ou attraits, et puis des professionnels de santé qui n’ont pas les pleines connaissances sur l’ensemble de ces sujets ou de temps à y consacrer. Notre rôle est ainsi d’être leur point d’entrée, des facilitateurs de leur installation. J’ai toutes les informations sur les aides disponibles et, en cas d’intérêt avéré, on peut réaliser des points trimestriels ou semestriels avec la CPAM ou l’ARS.
Stéphanie Porreye : Au-delà de la dimension financière, nous avons conscience qu’un professionnel s’installe avec sa famille, avec une vie personnelle et des contraintes du quotidien. De la recherche de logement à l’inscription scolaire des enfants, en passant par le recrutement d’un comptable ou la recherche d’emploi du conjoint, on met donc tout en œuvre pour les accompagner et essayer de trouver des solutions. Je suis une élue de proximité, Sophie Jarczynka travaille depuis de nombreuses années dans le territoire. Nous n’avons pas de baguette magique mais notre connaissance du territoire et notre réseau facilitent grandement leur arrivée dans de bonnes conditions.
Comment travaillez-vous à l’attractivité de votre territoire ?
Stéphanie Porreye : On travaille étroitement avec la CPTS sur ces questions, en essayant de se faire connaitre des professionnels dès leurs stages. Par exemple, on offre aux stagiaires en médecine des box découverte sur les thèmes gourmandise, culture ou sport, pour qu’ils découvrent les atouts de notre territoire et, pendant la durée de leur stage, on va mettre à leur disposition un logement pour leur éviter des aller-retour.
Sophie Jarczynka : Les élus de notre territoire ont fait le choix de la solidarité, en évitant par exemple la surenchère des aides communales. Il existe des aides de l’ARS et de la CPAM, notre objectif est de travailler plutôt sur la qualité de vie au sein de la CCHF, de montrer qu’il y a des richesses hors de Lille. On recherche « le coup de cœur » et l’inscription durable dans le territoire, pas l’effet d’aubaine financier. Par ailleurs, plutôt que de créer des maisons de santé en espérant que les professionnels les rejoignent, nos élus ont fait le choix de co-construire les projets avec ces professionnels via les compétences de notre intercommunalité : par exemple via l’aménagement d’un parking ou d’une aire de covoiturage, la recherche d’un terrain, de logements vacants ou leur réhabilitation, etc. On propose un accompagnement sur-mesure, plutôt que des réponses toutes faites !
Stéphanie Porreye : Au-delà de cet accompagnement individuel, on porte une dynamique santé à l’échelle de l’intercommunalité, ce qui rassure le professionnel de santé susceptible de s’installer sur son exercice quotidien. Par exemple, on va contractualiser un Contrat local de santé mentale et installer un coordinateur sur ce sujet crucial qu’est la santé mentale, on mise sur la prévention notamment via une Maison sport santé ou un forum santé et on a créé un réseau avec des référents santé dans chaque commune. Une fois tous les deux mois, ces 40 référents se réunissent pour aborder l’actualité et les opportunités santé de notre territoire.
« Il existe des aides de l’ARS et de la CPAM, notre objectif est plutôt de travailler sur la qualité de vie. »
Cette mission de « facilitateur », est-elle difficile à installer ? Faut-il créer un poste ? Quels temps faut-il y allouer ?
Sophie Jarczynka : Cette mission requiert avant tout de la disponibilité, notamment à des horaires qui ne sont pas des horaires de bureau, et des échanges en proximité avec les professionnels. Mais il n’est pas impératif de créer un poste, c’est selon les besoins et difficile à quantifier. Concrètement, avec Madame Porreye, nous serons parfois 1 semaine à deux à 100% sur les sujets d’installation, puis deux semaines sans nous en occuper. Il est possible dans un premier temps de laisser germer cette mission chez quelqu’un qui dans la collectivité connait bien le territoire, les enjeux de santé et de développement territorial.
Et votre démarche porte-t-elle ses fruits ?
Stéphanie Porreye : Un médecin vient de s’installer mi-juin et en septembre nous accueillerons à la rentrée une gynécologue, la première spécialiste sur le territoire. Et nous avons des espoirs pour deux autres professionnels. C’est un travail de longue haleine, mais nous ne le faisons pas pour rien !