Antibiorésistance : agir tous ensemble

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plaquettes de médicaments

L’antibiorésistance pourrait devenir l’une des principales causes de mortalité dans le monde. Fortement corrélé au mauvais usage et à la surconsommation des antibiotiques, ce phénomène remet en question la capacité à soigner les infections, même les plus courantes. Cette situation est aggravée par l’arrêt de production de certains antibiotiques et l’absence d’innovation.

L’antibiorésistance pourrait devenir l’une des principales causes de mortalité dans le monde. Chaque année en France, 12 500 décès sont liés à une infection à bactérie résistante aux antibiotiques. A l’échelle mondiale, les résistances microbiennes seraient actuellement responsables de 700 000 morts par an. L’accroissement des résistances bactériennes et l’émergence de nouveaux mécanismes de résistance, remettent en question la capacité à soigner les infections, même les plus courantes. Ce phénomène, lié à la surconsommation et le mésusage des antibiotiques, est aggravé par l’arrêt de production de certains anciens antibiotiques et l’absence d’innovation depuis deux décennies, conduisant à une réduction de l’arsenal thérapeutique disponible.

L’antibiorésistance est un problème universel qui nécessite une action coordonnée associant santé humaine, animale et environnement. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a adopté en mai 2015 un plan d’action global, recommandant aux Etats membres d’élaborer un plan national sous le concept d’une seule santé, « One Health ». L’Union Européenne a adopté en juin 2016 une résolution visant à renforcer l’action des Etats membres. Au niveau international, une résolution a été adoptée récemment par l’Assemblée générale des Nations Unies.

L’usage massif et répété des antibiotiques contribue à l’émergence de résistances des germes aux antibiotiques. En effet, les antibiotiques agissent sur la bactérie directement lièes à l’infection mais interagissent aussi avec les bactéries non pathogènes de l’organisme ou de l’environnement. Les bactéries changent alors de défense, elles mutent, face aux antibiotiques qui à terme n’ont plus la capacité de défendre le corps contre les bactéries. Les bactéries deviennent alors résistantes aux antibiotiques. C’est ce que l’on appelle l’antibiorésistance.

La mutation des bactéries a un impact individuel mais aussi collectif via l’environnement ce qui en fait un enjeu de santé publique majeur.

"Toutes les bactéries sont susceptibles d’exprimer une résistance à tous les antibiotiques connus ou à venir."

Lutter contre la résistance des antibiotiques passe par un bon usage de ce type de molécule et d’une diminution de la consommation de ce type de médicament. Grâce à la sensibilisation des acteurs pluriels (les prescripteurs, le grand public et les patients), les antibiotiques doivent être mieux utilisés (la molécule la plus adaptée pour une durée la plus courte possible) et leur emploi évité dans les situations médicales non liées à un processus infectieux bactérien.

Connaitre la consommation des antibiotiques par mode de vie ou mode d’exercice médical (ville, secteur médico-social, secteur sanitaire) et l’écologie bactérienne est le premier indicateur nécessaire pour une politique de bon usage pérenne dans le temps.

De l’usager au prescripteur, désormais chacun d’entre nous doit se sentir concerné pour éviter ce que nous n’avons plus connue depuis  1928, date de la découverte de la Pénicilline : une ère sans antibiotiques …

Le programme interministérielle du 17 novembre 2016 en lien avec l’antibiorésistance rappelle des faits importants :

L’exposition des français aux antibiotiques est 30 % plus élevée que la moyenne européenne : soit en 2013 respectivement 30,14 DDJ/1000 habitants et 21,5 DDJ/1000 habitants/jour ;

Entre 30 et 50 % des traitements sont prescrits inutilement car inadaptées aux pathologies diagnostiquées ;

La surconsommation des antibiotiques en médecine humaine et vétérinaire conduit au rejet dans l’environnement de plusieurs tonnes d’antibiotiques qui participe à l’émergence et l’accroissement des résistances.

L’instruction ministérielle du 19 juin 2015 relative à la mise en œuvre de la lutte contre l’antibiorésistance fixe des objectifs ambitieux et demande que tout soit mis en œuvre pour gommer les 25% de surconsommations française par rapport à la moyenne européenne.

On exprime la consommation d’antibiotiques en Dose Déterminée Journalière (DDJ) pour 1000 habitants  soit en DDJ/1000 habitants

Avec une consommation en 2015 de 34,4 DDJ/1000 habitants/jour en ex-région Nord Pas-de-Calais et de 33,6 DDJ/1000 habitants/ jour en ex-région Picardie, la région des Hauts-de-France présente une consommation au dessus de la moyenne nationale.

carte de la consommation antibiotique par région en 2015

Fort de ce constat et à l’instar de toutes les régions, l’agence régionale de santé des Hauts-de-France s’organise, en collaboration avec l’Assurance Maladie pour :

Mobiliser l’ensemble des professionnels de santé du secteur des soins de ville et des établissements de santé et médico-sociaux,

Développer le conseil en antibiothérapie à l’attention de l’ensemble des professionnels de santé de la région,

Mettre en place des actions prioritaires à destination des professionnels et des établissements et ceci en lien avec les actions de lutte contre les infections associées aux soins,

Développer le partage d’expérience par la mise à disposition de données en rapport avec la consommation des antibiotiques et la résistance des bactéries.