"Le proto, c’est trop risqué d’en rire" : Une campagne pour sensibiliser aux risques liés à la consommation du protoxyde d’azote

Communiqué de presse

Les Agences régionales de santé Hauts-de-France et Île-de-France lancent le 9 novembre 2023 une campagne de communication conjointe pour sensibiliser aux risques liés à la consommation de protoxyde d’azote, face à un phénomène de consommation qui s’est amplifié ces dernières années.

Une augmentation significative de l’usage détourné du protoxyde d’azote (dit « gaz hilarant ») est constatée depuis plusieurs années dans nos deux régions, en particulier par les adolescents et jeunes adultes, en raison de son effet euphorisant. Cette hausse de la consommation s’est révélée à partir de 2017, d’une part avec la présence de plus en plus massive de cartouches métalliques ou bonbonnes (qui contiennent ce gaz) sur la voie publique, d’autre part dans les services d’urgence des grandes villes avec la prise en charge de jeunes atteints de troubles neurologiques ou victimes d’accidents découlant de cette consommation. Face à ce phénomène en expansion, les Agences régionales de santé Hauts-de-France et Île-de-France lancent le 9 novembre une campagne de communication commune. Elle s’adressera en particulier aux 15-25 ans avec trois objectifs principaux :

  • améliorer le niveau d’information des jeunes et de leur entourage sur le protoxyde d’azote et les conséquences de sa consommation ;
  • atténuer la « désirabilité sociale » de l’usage de cette substance ;
  • faciliter le relai vers les professionnels pour parler de la consommation du produit et/ou pour engager un accompagnement voire une prise en charge.

La campagne “Le proto, c’est trop risqué d’en rire »

La campagne conçue par les deux ARS et l’agence TBWA\Corporate repose sur 3 axes complémentaires :

  • Capter l’attention des jeunes : 3 spots audio et vidéo

Le regard des autres est un levier puissant dans toute consommation à risques et pour prendre conscience d’une situation qui peut devenir grave. La campagne s’appuie sur 3 spots audio et vidéo qui racontent l’expérience vécue par un proche de consommateur, dans des situations de consommation différentes : un malaise et l’appel au Samu lors d’une soirée festive, une panne sexuelle lors d’un « date » entre deux jeunes personnes et la paralysie d’un sportif addict au protoxyde d’azote. Ces 3 spots audio et vidéo seront diffusés sur les réseaux sociaux (SnapChat, TikTok, Instagram), YouTube, des sites mobiles, des plateformes de streaming musical (Deezer, Spotify) et en radio locale.

  • Informer et prévenir : un partenariat avec Jamy et un site internet dédié

Une vidéo pédagogique sur les risques liés à la consommation de protoxyde d’azote a été réalisée par le journaliste, animateur de télévision et vulgarisateur scientifique Jamy Gourmaud. Elle est diffusée sur ses propres réseaux sociaux, par les deux ARS et sur le site internet parlons-proto.fr créé dans le cadre de la campagne. Ce site internet contient également des informations sur les principaux risques liés à la consommation de protoxyde d’azote, un vrai/faux sur les idées reçues concernant l’usage détourné de ce gaz et des ressources pour être accompagné, notamment la liste et les coordonnées des lieux où les consommateurs et/ou leur entourage peuvent se rendre pour une écoute ou une prise en charge.

  • Relayer le message institutionnel : un kit de communication pour les partenaires des deux ARS

Les deux agences mettent à disposition de leurs partenaires souhaitant relayer les messages de prévention sur le protoxyde d’azote un kit contenant des affiches, une brochure et des supports digitaux pour les réseaux sociaux et les sites internet. Tous les supports de la campagne sont disponibles sur cette page. Ils peuvent être relayés gratuitement et librement sans modification du contenu, notamment par les médias, les collectivités locales, l’éducation nationale, les établissements et professionnels de santé, les organismes de prévention, etc.

Des risques pour soi et pour les autres

Le protoxyde d’azote (N²O) est un gaz incolore, d’odeur et de saveur légèrement sucrées. Il est utilisé dans le champ médical, mélangé à de l’oxygène pour son action anesthésiante/analgésiante, ou bien encore dans le domaine culinaire pour les siphons à chantilly. Le « proto » est également utilisé de façon détournée en raison de son effet euphorisant lorsqu’il est aspiré. Il devient alors une substance addictive pouvant engendrer des symptômes plus ou moins graves, que la consommation soit occasionnelle ou fréquente :

  • signes neurologiques : troubles de la sensibilité type fourmillements ou sensations de brûlures au toucher, perte de sensibilité, troubles de la marche, troubles cognitifs (troubles de la mémoire, du langage, de l’attention, de la perception du monde extérieur) ; maux de tête, malaises, vertiges, troubles de l’équilibre, troubles érectiles.
  • signes cardio-vasculaires : thromboses veineuses, embolies pulmonaires, AVC, douleurs thoraciques, troubles du rythme cardiaque.
  • manifestations psychiques : agitation, agressivité, hallucinations visuelles/auditives, délire paranoïaque, angoisse, anxiété, attaque de panique, tristesse, irritabilité, idées suicidaires, confusion, amnésie, insomnie, troubles des cycles jours et nuits.
  • traumatismes et chutes : accidents de la voie publique et de la route, brûlures occasionnées par le gaz très froid.
  • les risques pour les autres : accidents de la route (perte de contrôle du véhicule pouvant mettre en danger la vie d’autrui), pollution des sols due aux capsules vides laissées sur la voie publique.

Au moins 100 cas graves en Hauts-de-France en 2022

Même si le phénomène reste très difficile à quantifier, les observations de terrain au sein des établissements de santé et dans les rues, ainsi que la multiplication des évocations sur les réseaux sociaux sont les signes d’une consommation croissante.

Le centre d’addictovigilance des Hauts-de-France a recensé 99 cas en 2022 de personnes présentant des complications imputables au protoxyde d’azote et 62 cas entre janvier et septembre 2023. Ces données restent partielles en raison de la sous-déclaration auprès du centre et de l’impossibilité dans certains cas d’établir un lien entre un accident et la consommation de protoxyde d’azote.

Santé publique France a publié pour la première fois cet automne une estimation du niveau de consommation réalisée via un sondage France entière. Selon cette enquête, qui ne concerne que les plus de 18 ans, 13,7% des jeunes de 18 à 24 ans ont déjà consommé du protoxyde d’azote au moins une fois dans leur vie. Plus d’informations.

 

Retrouvez les supports de la campagne de communication