Vagues de chaleur : comment protéger vos administrés ?

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En amont et en période de veille saisonnière, du 1er juin au 15 septembre, le maire exerce une mission de protection de ses administrés et de prévention des risques sanitaires. Quelles mesures mettre en place ? Dans quels cas l’ARS et les collectivités peuvent être amenées à collaborer ? Quelles sont les causes et comment lutter contre les îlots de chaleur urbains? Ressources et initiatives.

Le Guide ORSEC (Organisation de la Réponse de Sécurité Civile) « Gestion sanitaire des vagues de chaleur » et ses fiches missions spécifient les mesures que chaque acteur territorial concerné doit mettre en place, de façon coordonnée et pilotée par le préfet de département. Chacun doit être prêt en amont et pendant la période de veille saisonnière, du 1er juin au 15 septembre. Le maire met en place les mesures de protection de ses administrés qui lui incombent au titre de sa compétence de police générale. On vous rappelle les principales:    

 

  • En prévention et en période de veille

Recenser les personnes vulnérables pour leur permettre de bénéficier de l’aide d’équipes de secours en cas du déclenchement du plan d’alerte et d’urgence. Selon la loi du 30 juin 2004 relative à la solidarité pour l’autonomie des personnes âgées et des personnes en situation de handicap et le Code de l’action sociale et des familles, le maire est tenu d’instituer et tenir à jour un registre nominatif communal des personnes âgées et des personnes handicapées de sa commune vivant à domicile. Il doit les informer de la possibilité de se signaler. La demande peut être réalisée par ces personnes elles-mêmes ou par un tiers (parents, voisins, médecin…).

- Localiser les espaces verts, fontaines, points d’eau potable, locaux collectifs disposant d’espaces climatisés ou rafraîchis et pouvant accueillir des personnes vulnérables. En informer la population.

- S’assurer de la préparation et disponibilité durant l’été de ses services et organiser le dispositif de suivi des personnes vulnérables à domicile.

- Relayer auprès de sa population les recommandations sanitaires du ministère de la santé et de Santé Publique France. Santé Publique France met à disposition sur son site des documents de prévention (affiches, dépliants, flyers), à télécharger ou commander.  

 

  • En cas de gestion d’une vague de chaleur

- Organiser la distribution d’eau de secours pour sa population en cas de problème quantitatif ou qualitatif de la ressource en eau potable. Dans le cadre de ses compétences, la commune pourvoit aux dépenses relatives aux besoins immédiats des populations.

- Informer et alerter ses services et les structures relevant de sa compétence.

- Activer le plan de sauvegarde communal en cas de canicule.

- Faire contacter les personnes fragiles isolées.

- Organiser le transport des personnes vulnérables habitant dans des logements mal adaptés aux fortes chaleurs vers des lieux rafraichis.

- Procéder à la fermeture des établissements scolaires de 1er degré si nécessaire.

- Autoriser les aménagements des horaires de chantier sur la voie publique.

En cas de gestion de risques climatiques (chaleur, grand froid), l’ARS et les collectivités peuvent être amenées à collaborer. Lors d’une panne de climatisation dans un EHPAD par exemple, l’ARS peut, en lien avec le maire de la commune, le SDIS et la préfecture, organiser l’évacuation des résidents vers un autre établissement ou une salle communale mise à disposition par la commune.

 

Le phénomène des îlots de chaleur urbains - espaces où les températures sont plus élevées que dans les campagnes environnantes, allant jusqu’à 6/7 degrés la nuit où la différence est la plus importante - peut accroître la vulnérabilité de la population face aux vagues de chaleur. Ils peuvent être concentrés dans certains quartiers de la ville uniquement.

Les causes de cet excès de chaleur sont multiples et liées à des éléments de l’environnement urbain, comme la hauteur et la densité du bâti, les matériaux de construction, le déficit de végétalisation ou encore les activités humaines (usage de chauffage ou de climatisation, circulation des voitures, activités industrielles et traitement des déchets).

Une urbanisation réfléchie et un aménagement adapté des villes permettent de diminuer leur impact. Ceci peut consister à :

  • réintégrer la nature en ville : désimperméabilisation des revêtements, végétalisation des sols, des façades et toitures, plantation d’arbres, aménagement des espaces publics avec des fontaines à eau ou des ombrières notamment, aménagement des plans d’eau , gestion intégrée des eaux pluviales…
  • choisir des revêtements clairs pour les matériaux de construction des bâtiments qui reflètent la chaleur,
  • proposer une architecture de quartier permettant une meilleure circulation de l’air et rendre la rue plus « poreuse » (notamment en prévoyant des espaces entre les bâtiments). 

Les outils de la planification urbaine, au premier rang desquels le Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi), sont des leviers très intéressants d’amélioration de la qualité de vie des populations, en les protégeant des nuisances et des risques.

 

Pour lutter contre les îlots de chaleur urbains, les villes ont de plus en plus recours à la création d’îlots de fraîcheur en intégrant l’eau et la nature dans l’aménagement. Des collectivités de la région ont mis en place cette solution, notamment dans les cours d’école. En voici quelques exemples :

  • A Lille

Depuis 2019, la ville de Lille a choisi de végétaliser et désimperméabiliser ses cours d’écoles, permettant de créer des espaces de nature et de gérer durablement l’eau de pluie. Cette végétalisation préserve notamment la ressource en eau en permettant l’infiltration et la récupération des eaux pluviales. Ce projet a aussi permis de développer des ressources pédagogiques et de nouveaux supports d’éducation à l'environnement.

  • A Douai

La cour Oasis de l'école de la Solitude à Douai a été conçue par l'équipe pédagogique et les enfants de 6 classes, en partenariat avec la ville. L’objectif : améliorer le climat scolaire et créer un îlot de fraicheur, avec plus de végétaux et des sols perméables. Les enfants ont travaillé sur un état des lieux, ont défini leurs souhaits de changement et ont élaboré une maquette de leur cour idéale. Les bénéfices : les petits et grands sont mélangés dans la même cour et profitent de multiples activités extérieures, notamment du potager.

  • A Amiens

Amiens métropole a choisi de végétaliser une vingtaine de cours d’école dont celle de l'école Jules Barni à Amiens. Elle comprend désormais 3 jardins thématiques- olfactif, de biodiversité et productif-composés d'arbres, d'arbustes et de plantes.

  • A Saint-Omer

L'Agence d'urbanisme, de développement et du patrimoine du Pays de Saint-Omer s’est engagée auprès de la CAPSO (Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Omer ) dans le projet européen Cool towns. L’objectif : aider les collectivités territoriales à développer des projets d’aménagement adaptés aux effets du changement climatique en leurs apportant des outils d’aide à la décision et des connaissances. A Saint-Omer spécifiquement, ce projet a permis de réaménager le secteur de la gare, la cour de l’école Montaigne et les rues de Cassel et d’Hazebrouck. De nouvelles plantations, une désimperméabilisation des sols, des pavés à joints enherbés et de nouveaux espaces végétalisés ont été mis en place.