Usage détourné du protoxyde d’azote : une pratique à risques

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L’usage détourné du protoxyde d’azote est en recrudescence chez des collégiens, lycéens et étudiants des Hauts-de-France avec des consommations répétées, voire quotidiennes, au long cours et en grandes quantités. La multiplication des cas de complications graves consécutives à la consommation détournée de protoxyde d’azote constitue une problématique majeure de santé publique dans la région.

Le protoxyde d’azote N²O, communément appelé « gaz hilarant » ou « proto », est un gaz comburant (se combinant avec un combustible), incolore, d’odeur et de saveur légèrement sucrées. Il est utilisé dans le champ médical, mélangé à de l’oxygène pour son action anesthésiante/analgésiante, ou dans le domaine culinaire, pour les siphons à chantilly.     

Une augmentation significative de l’usage détourné de ce gaz est constatée en France, comme dans la région, en particulier par les jeunes en milieu urbain, en raison de son effet euphorisant. Les signes de son utilisation sont parfois visibles dans l’espace public avec la présence de cartouches métalliques dans lesquels ce gaz est contenu.

La consommation du protoxyde d’azote peut entraîner des conséquences sévères sur la santé, à la fois immédiates et en cas d’utilisation régulière ou à forte dose, notamment parce qu’il engendre un déficit en vitamine B12 :

  • Risques immédiats : asphyxie par manque d'oxygène, perte de connaissance, brûlure par le froid du gaz expulsé de la cartouche, perte du réflexe de toux (risque de fausse route), désorientation, vertiges, risque de chute ;

  • Risques en cas d'utilisation régulière et/ou à forte dose : carence et/ou inactivation en vitamine B12 qui peut entraîner des atteintes de la moelle épinière et une anémie, des troubles psychiques.

Une augmentation des cas d’intoxications chez un public jeune a été constaté en 2023 suite au recensement de 120 cas par le centre d’addictovigilance des Hauts-de-France contre 99 en 2022. 

Retrouvez en bas de page l'enquête sociologique sur les usages et usagers de protoxyde d’azote dans la région des Hauts-de-France. Cette enquête, financée par l’ARS, a été réalisée par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives conjointement avec Sociotopie, atelier de sciences humaines et sociales appliquées. 

« Le proto, c’est trop risqué d’en rire »

Lancé à l’automne 2023 en partenariat avec l’ARS Ile-de-France, la campagne "c’est trop risqué d’en rire" a pour objectif de sensibiliser les 15-25 ans aux risques du protoxyde d’azote en réponse à un phénomène de consommation qui s’est amplifié ces dernières années. Le site internet Parlons proto regroupe des informations sur les principaux risques liés à la consommation de protoxyde d’azote, un vrai/faux sur les idées reçues concernant l’usage détourné de ce gaz et des ressources pour être accompagné, notamment la liste et les coordonnées des lieux où les consommateurs et/ou leur entourage peuvent se rendre pour une écoute ou un accompagnement.

 


 

Aller plus loin

Des dispositifs anonymes pour accompagner les consommateurs

Des dispositifs d’aide anonymes et gratuits sont à disposition des usagers, de leur entourage et du public en général.

  • Les Consultations jeunes consommateurs (CJC) proposent un service d’accueil, d’écoute, de conseil et d’orientation assuré par des professionnels des addictions, totalement gratuit et confidentiel. L’annuaire des CJC est disponible sur le site Drogues info service (ou en contactant l’ARS à l’adresse ARS-HDF-PPS@ars.sante.fr )
  • Drogues info service propose par ailleurs une aide à distance. 

L’ARS rappelle aux professionnels de santé et aux usagers l’importance de déclarer tout cas grave d’abus, de dépendance et d’usage détourné sur le site signalement-sante.gouv.fr. Ils peuvent par ailleurs se rapprocher du Centre d’addictovigilance (CEIP-A) de leur secteur géographique pour toute information complémentaire.

Les professionnels de santé et collectivités territoriales confrontés à la problématique du protoxyde d’azote peuvent contacter l’ARS à l’adresse suivante : ARS-HDF-PPS@ars.sante.fr.