Addictions sans substances /comportementales : quel impact en région ?

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Les addictions comportementales, également appelées « addictions sans substance », se manifestent par une perte de contrôle face à une activité donnée. Elles s’accompagnent d’une montée de tension avant la mise en action, suivie d’un sentiment de soulagement ou de plaisir durant l’activité. Ce n’est que récemment que ces formes d’addictions ont été reconnues comme des troubles à part entière.

Les addictions comportementales, également appelées « addictions sans substance », se manifestent par une perte de contrôle face à une activité donnée. Elles s’accompagnent d’une montée de tension avant la mise en action, suivie d’un sentiment de soulagement ou de plaisir durant l’activité. Ce n’est que récemment que ces formes d’addictions ont été reconnues comme des troubles à part entière. À ce jour, seules deux d’entre elles font l’objet d’une définition clinique précise : l’addiction aux jeux de hasard et d’argent (trouble du jeu d'argent) et l’addiction aux jeux vidéo (trouble du jeu vidéo). D’autres comportements potentiellement addictifs sont actuellement à l’étude afin de mieux cerner leur nature et leur impact.

Par ailleurs, entre 50 % et 75 % des personnes concernées par une addiction comportementale présentent également des troubles psychiques (comme le TDAH, les troubles anxieux, les troubles de l’humeur tels que la dépression ou le trouble bipolaire), voire d’autres formes d’addictions, notamment à des substances illicites.

Jeux de hasard et d’argent

En 2023, plus de la moitié des Français âgés de 18 à 75 ans ont participé à au moins un jeu d’argent ou de hasard au cours des douze derniers mois, soit une hausse de 4,6 points par rapport à 2019. Au total, 55,9 % des hommes et 47,6 % des femmes déclarent avoir joué.

Les jeux de tirage (34,2 %) et les jeux de grattage (30,9 %) arrivent en tête des pratiques. Suivent les paris sportifs (6,7 %) et les machines à sous (6,6 %). Les autres formes de jeux comme les casinos, paris hippiques, ou le poker restent plus marginales, pratiquées par moins de 5 % de la population.

Jeux vidéo

Cette pratique est particulièrement fréquente chez les adolescents, dont 46 % y consacrent en moyenne trois heures par semaine. Les jeux les plus populaires sont :

  • Les jeux compétitifs, comme les jeux de tir ou de stratégie ;
  • Les jeux de rôle en ligne, favorisant les interactions sociales, dans lesquels les joueurs collaborent en équipe pour relever des défis créés par les développeurs. 
     

Environ 3 % des Français présentent un risque d’addiction aux jeux vidéo. Cette perte de contrôle concerne aussi bien les jeux en ligne que hors ligne. Le jeu prend progressivement une place centrale dans la vie quotidienne, reléguant au second plan les autres centres d’intérêt, et cela malgré des conséquences négatives sur le plan personnel, social, scolaire ou professionnel.

Tous les joueurs ne développent pas de conduites addictives. Toutefois, il est important de rester attentif aux effets du jeu sur :

  • Les activités quotidiennes : repli social, baisse de rendement scolaire ou professionnel ;
  • La santé physique et mentale : troubles du sommeil, fatigue visuelle, surpoids, baisse de l’estime de soi, dépression ;
  • Les relations sociales : isolement, conflits familiaux ou amicaux.

Selon le Baromètre MILDECA/Harris Interactive 2021, les usages quotidiens des écrans dépassant les 4 heures par jour sont deux fois plus fréquents chez les 15-24 ans que chez les générations plus âgées.

Par ailleurs, 8 personnes sur 10 déclarent passer plus de temps que prévu devant leurs écrans. Une majorité d’entre elles estime ne pas pouvoir réduire ou arrêter certaines activités numériques, en particulier chez les plus jeunes, pour ce qui concerne le jeu vidéo, le visionnage de vidéos et la communication via les réseaux sociaux.
 

Pôle Régional de Spécialisation sur les Addictions aux Jeux (PRésAJ) 

Créé en 2014, le PRésAJ est né d’une volonté régionale de structurer les soins, l’expertise et la recherche en partenariat avec l’ARS Hauts-de-France. La prise en charge des addictions liées aux jeux s’inscrit dans les priorités de santé publique, aussi bien au niveau national que régional. Dans ce cadre, l’ARS Hauts-de-France encourage la mise en place d’une réponse coordonnée et adaptée aux besoins des usagers, reposant sur :

  • l’harmonisation des connaissances professionnelles,
  • le soutien à la recherche,
  • et l’amélioration continue de la prise en charge.

Initialement lancé dans le Nord–Pas-de-Calais, le dispositif s’est progressivement étendu à l’ensemble de la région Hauts-de-France. Aujourd’hui, le PRésAJ s’appuie sur un réseau structuré comprenant  7 CSAPA (Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) référents en région, 2 CHU (Centres Hospitaliers Universitaires), 1 EPSM (Établissement Public de Santé Mentale) et un réseau d’échange de pratiques entre professionnels (Réseau Gambling Gaming)

Ce dispositif a permis de développer un nouvel outil de prévention à destination d’un public adulte, également adapté aux adolescents dès 16 ans. Ce dispositif, baptisé « Tapis », a été conçu avec la participation active du PRéSAJ, qui a contribué à son élaboration et à sa phase de test. 

Cet outil vise à sensibiliser les participants à travers une approche ludique et participative. Il poursuit plusieurs objectifs pédagogiques :

  • Comprendre les émotions ressenties pendant les phases de jeu ;
  • Apporter des repères sur l’environnement des jeux : législation, histoire, données épidémiologiques, etc. ;
  • Mieux cerner les pratiques de jeu et les profils de joueurs (motivations, types de jeux);
  • Identifier les signaux du jeu excessif : croyances erronées, comportements à risque, critères de dépendance
  • Renforcer la connaissance des ressources disponibles et des stratégies de réduction des risques ;
  • Expérimenter et analyser les notions de prise de risque, d’illusion de contrôle et de croyances liées aux jeux d’argent pour mieux les déconstruire.

Un e-learning a destination des professionnels est également en cours de création afin d’y intégrer de courtes vidéos sur des sujets de prévention, de soins et d’accompagnement de personnes souffrants d’addictions aux jeux