Métabolites de pesticides : le point sur le contrôle de l’eau du robinet

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Verre d'eau rempli depuis un robinet
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Afin d’améliorer les connaissances sur la qualité de l’eau de consommation, les agences régionales de santé ont intégré la recherche de nouveaux métabolites de pesticides dans le contrôle sanitaire. En application d’une instruction du ministère de la santé, et du principe de précaution, plusieurs communes de la région font l’objet de mesures de restriction de la consommation de l’eau du robinet.

Chaque année, l’ARS Hauts-de-France réalise plus de 22 000 prélèvements et analyses d’eau de consommation, sur plus de 6 000 points de surveillance répartis dans toute la région. Plus de 500 substances sont recherchées lors de ces contrôles, faisant ainsi de l’eau du robinet l’aliment le plus contrôlé. Parmi les substances recherchées figurent les pesticides et les molécules issues de leur dégradation ou de leur transformation dans les sols au fil du temps. Ces molécules appelées « métabolites de pesticides » peuvent encore se retrouver dans des nappes phréatiques, puis dans l’eau du robinet, même si le pesticide n’est plus utilisé.

L’ARS Hauts-de-France a intégré dès janvier 2021, comme le prévoit la réglementation européenne, la recherche des métabolites de la chloridazone (un pesticide principalement utilisé pour la culture de la betterave) dans le contrôle sanitaire de l’eau : la chloridazone desphényl et de la  chloridazone-méthyl-desphényl. L’Agence a identifié la présence de ces substances dans de nombreuses communes de la région.

Afin de gérer les situations locales dans l’attente d’une valeur maximale déterminée par l’ANSES, une instruction du ministère de la santé publiée le 15 juin 2022 a déterminé une valeur sanitaire transitoire de 3µg/L d’eau, à partir de laquelle des restrictions de consommation doivent être prononcée.

L’ARS et les préfectures de département ont immédiatement adapté leur stratégie de gestion à cette nouvelle valeur. En raison de l’instabilité des données préalablement observées, avec des résultats parfois supérieurs puis inférieurs à la valeur sanitaire transitoire, des contrôles renforcés tous les 15 jours ont été mises en place dans les 45 communes (39 dans l’Aisne, 4 dans l’Oise, 2 dans la Somme pour un total d’environ 13 500 habitants) où les valeurs constatées étaient supérieures à 3µg/L.

Des restrictions de consommation en vigueur 

La phase de surveillance renforcée a permis de confirmer le dépassement de la valeur de 3µg/L dans 10 communes. Pour 6 communes (Brie et Mesnil-Bruntel dans la Somme ; La Neuville en Hez, La Rue Saint-Pierre, Litz et Mont-l’Evêque dans l’Oise) des solutions techniques ont été trouvées localement pour faire baisser la teneur en métabolites, comme l’interconnexion à un autre réseau ou la dilution de l’eau issue du captage par une eau d’un autre réseau de distribution.

Des restrictions de consommation ont été prononcées par les préfectures pour 4 communes :

  • Le Thuel (Aisne)
  • Merlieux-et-Fouquerolles (Aisne)
  • Rogécourt (Aisne)
  • Versigny (Aisne)

En savoir plus sur les mesures de restriction de consommation de l’eau du robinet.

Une mise sous surveillance renforcée en cours dans 60 communes supplémentaires

En plus des 45 communes qui présentaient les teneurs en métabolites de pesticide les plus importantes, les premiers prélèvements réalisés courant 2021 et 2022 ont également mis en évidence des teneurs moyennes en métabolites comprises entre 2 et 3 µg/L dans 60 communes (40 dans l’Aisne, 12 dans l’Oise, 4 dans la Somme, 4 dans le Pas-de-Calais, 0 dans le Nord) regroupant au total environ 45 000 habitants. Toujours par précaution et compte tenu des variations et des marges d’incertitude sur les résultats, le même dispositif de surveillance renforcée est actuellement en cours dans ces communes à compter de l’automne afin de s’assurer que les taux moyens ne sont pas, sur la durée, supérieurs à 3 µg/L. Des restrictions de consommation pourront également, le cas échéant, être décidées uniquement dans les communes où le taux moyen en métabolites basculerait au-delà de 3 µg/L.

Environ 2 200 communes concernées par des taux compris entre 0,1 et 2 µg/L

La valeur de 0,1 µg/L, dite « limite de qualité » est une valeur environnementale (et non une valeur sanitaire) établie au niveau européen. Une eau contenant des teneurs en métabolites supérieures à 0,1 µg/L est donc qualifié de « non conforme » au regard de cette valeur environnementale, mais elle n’est pas forcément  impropre à la consommation.

De l’ordre de 2 200 communes (env. 450 dans l’Aisne, env. 410 dans l’Oise, env. 470 dans la Somme, env. 600 dans le Pas-de-Calais, env. 260 dans le Nord, données en cours de consolidation), regroupant approximativement un total de 3,8 millions d’habitants, distribuent une eau dont la teneur en métabolites est comprise entre 0,1 µg/L et 2 µg/L.

L’eau peut donc continuer à être consommée dans ces communes. Afin de respecter l’objectif environnemental de 0,1 µg/L, qui vise à réduire la présence de ces résidus de pesticides au plus bas niveau, les responsables de la qualité de l’eau devront travailler à la mise en place de mesures curatives dans les 3 ans.