Le métabolite chlorothalonil R471811 intégré au contrôle sanitaire depuis le 1er juillet 2023

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Verre d'eau

Le point sur la recherche du métabolite chlorothalonil R471811 en Hauts-de-France

Le ministère de la santé a missionné depuis plusieurs années les institutions d’expertise françaises pour disposer de connaissances sanitaires sur les pesticides et leurs métabolites, établir et diffuser des consignes pour une recherche ciblée et adaptée à chaque territoire. C’est ainsi que l’ANSES a été saisie pour mener une campagne exploratoire de mesures relatives aux polluants émergents dans l’eau potable

Le but de cette campagne est de disposer de données d’exposition de la population à certaines substances dans l’eau potable, afin d’évaluer les risques sanitaires et compléter le cas échéant la liste des substances à surveiller.

Le rapport de l’ANSES met en évidence de façon générale en France, et notamment pour les Hauts-de-France la présence dans les points surveillés du métabolite chlorothalonil R471811, et la nécessité de l’intégrer au contrôle sanitaire de l’eau de consommation. Cet ajout qui contribue à l’amélioration en continu de la qualité de l’eau du robinet, vient prochainement rejoindre les quelque 600 substances déjà recherchées dans la région. Cette intégration se fait en lien avec la montée en compétences des laboratoires agréés pour le contrôle sanitaire des eaux, afin de rendre des résultats fiables sous accréditation.

Le contrôle sanitaire de l’eau vise à identifier partout dans la région d’éventuels dépassements des normes en vigueur et, le cas échéant, à ce que le gestionnaire de l’eau mette en place des actions correctives et/ou des mesures de restriction de consommation.

Le chlorothalonil, pesticide déjà recherché depuis plus de 10 ans

Le chlorothalonil est une molécule fongicide très utilisée, en France, jusque mai 2020 principalement dans le cadre de la culture des céréales (maladies du blé et de l'orge), mais aussi sur les protéagineux (pois, féverole), pommes de terre et légumes.

Cette substance est recherchée dans tous les captages de la région depuis plus de 10 ans. La valeur sanitaire maximale (Vmax), au-delà de laquelle l’eau pourrait présenter un risque pour la santé et ne peut plus être consommée, a été fixée par l'ANSES à 45 µg/L. Dans la région, toutes les analyses réalisées pour ce paramètre sur les captages depuis plus de 10 ans sont inférieures à la Vmax et à la limite de qualité de 0,1 µg/L.

Le chlorothalonil R471811, métabolite du chlorothalonil

En se diffusant dans notre environnement, les pesticides peuvent se transformer en une ou plusieurs autres molécules appelées "métabolites". L’ANSES a classé le métabolite chlorothalonil R471811 comme pertinent et une valeur sanitaire transitoire (VST) de 3 µg/L d’eau a été fixée par le ministère de la santé. Cette VST a valeur de Vmax, dans l’attente d’une Vmax établie par l’ANSES.

La campagne de l’ANSES met en évidence la présence de ce métabolite dans chacun des 16 sites testés dans la région à des valeurs inférieures à la valeur de 3 µg/L à partir de laquelle des restrictions de consommation doivent être appliquées. (Plus d’informations ci-dessous sur les seuils en vigueur).

Ce métabolite chlorothalonil R471811 est intégré au contrôle sanitaire en Hauts-de-France depuis le 1er juillet 2023. L’ARS avait en effet demandé au laboratoire en charge du contrôle sanitaire de l’eau dans la région de développer des techniques robustes et accréditées pour la recherche de ce métabolite, ce que le laboratoire est en capacité de faire depuis le 1er mai 2023. La recherche du métabolite chlorothalonil R471811 est réalisée à la fois « au fil de l’eau » de la programmation annuelle des prélèvements du contrôle sanitaire, dans les typologies incluant la recherche des pesticides et métabolites, et en ciblant pendant les 6 premiers mois de recherche, les sites les plus contaminés par des pesticides ou métabolites et en particulier les métabolites de la chloridazone.

Ainsi, les éventuels dépassements de la VST identifiés dans ce cadre pourront entraîner les mesures de restriction qui s’imposent.

La différence entre une « limite de qualité » et une « valeur sanitaire maximale »

La « limite de qualité » (0,1 µg/L pour chaque pesticide ou métabolite présent dans l’eau) est uniquement une valeur environnementale (et non une valeur sanitaire) établie au niveau européen. Comme son nom l’indique, cette « limite de qualité » a pour objectif de réduire la présence des pesticides et métabolites au plus bas niveau de concentration dans l’eau. Une eau contenant des teneurs en métabolites supérieures à 0,1 µg/L est donc qualifié de « non conforme » au regard de cette valeur environnementale, mais elle n’est pas forcément impropre à la consommation.

La consommabilité de l’eau est établie au regard d’une autre valeur, fixée par l’ANSES : la valeur sanitaire maximale (Vmax). Cette Vmax n’étant pas encore établie par l’ANSES pour le métabolite chlorothalonil R471811 ; dans l’attente d’une Vmax, une valeur sanitaire transitoire (VST) de 3 µg/L d’eau a été fixée par le ministère de la santé.